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SIMONE WEIL
UNE MYSTIQUE DE
L'ACTION
Dans « L’importance
de Simone Weil », un
texte de 1960,
Czesław Miłosz
écrivait : « La
France fit un don
merveilleux au monde
moderne en la
personne de Simone
Weil. La venue au
XXe siècle de pareil
écrivain défiait
toute probabilité,
mais il arrive que
l’improbable se
produise. » Il
nourrit pour la
philosophe française
une admiration sans
réserve, sans pour
autant cacher les
aspérités de son
œuvre et de sa
pensée qui, selon
lui, sont de nature
à effrayer ou
rebuter le lecteur
timoré. […]
Disciple du Christ
jusqu’au mysticisme,
celle que ses
détracteurs
surnommaient la
« Vierge rouge »,
comme Louise Michel
avant elle, était
également proche de
Boris Souvarine, des
républicains
espagnols et des
combats
anticoloniaux.
Véritable activiste
du pacifisme, son
discours changea du
tout au tout au
moment de
l’armistice de 1940,
jusqu’à voir dans le
refus de se battre
une lâcheté et une
compromission. Très
tôt, son engagement
politique la
rapproche du
syndicalisme et du
communisme, mais
elle refuse de
souscrire au culte
du progrès, réfute
jusqu’à l’existence
même d’une doctrine
marxiste, et
s’oppose avec
véhémence à un
Trotski qui n’a pas
de mots assez durs à
son encontre. […]
Se considérant comme
un « esprit
médiocre »,
cette grande
lectrice de Platon
se voyait condamnée
à vivre dans
l’illusion et donc
dans le malheur,
comme en écho au
mythe de la caverne.
La vérité lui étant
ainsi refusée, elle
aimait « mieux
mourir que vivre
sans elle ».
Son obsession de la
vérité, à laquelle
elle n’a jamais rien
cédé dans ses
multiples
engagements jusqu’à
se retrouver seule
parce qu’incapable
du moindre
accommodement, cette
quête qui ne va
cesser de la
consumer durant les
vingt années
suivantes s’est
manifestée à l’issue
d’une sorte de crise
existentielle aux
alentours de ses
quatorze ans.
Trois ans plus tôt,
elle avait découvert
sa judéité, comme
elle le racontera à
la fin de sa vie à
un Jacques Maritain
auquel elle demande
de l’aider à rentrer
en France, alors
qu’elle vient
d’arriver à New York
avec ses parents :
« Je suis
d’origine israélite,
mais mes parents,
tout à fait
agnostiques, m’ont
laissé ignorer mon
origine jusqu’à
l’âge de onze ans et
m’ont élevée en
dehors de toute
religion. » Il
y a peut-être là une
forme de blessure
originelle
inconsciente qui,
parce qu’elle n’a
pas été nommée ni
guérie, ferait de
Simone Weil une
juive qui se refuse
à l’être. […]
Pour elle, le «
péché impardonnable
» des Hébreux est
d’avoir perçu Dieu
« sous
l’attribut de la
puissance et non pas
sous l’attribut de
Dieu ». Alors
qu’elle se
passionnera pour les
Upanishads ou la
Bhagâvad-Gîtâ,
elle est incapable
de se plonger dans
la lecture de
l’Ancien Testament
en s’en tenant au
« devoir de
probité
intellectuelle »
dont elle a
pourtant fait sa
méthode. Aux yeux de
Simone Weil,
l’Iliade a plus
d’importance et de
valeur que l’Ancien
Testament, et ce
sont les Grecs qui
préfigurent la venue
du Christ, et non
les Hébreux, jugeant
de surcroît la
notion de peuple élu
incompatible avec
l’idée qu’elle se
fait de Dieu. […]
Par ailleurs, son
opposition à
l’installation juive
en Palestine,
autrement dit à une
nation juive dans ce
protectorat anglais,
s’inscrit pleinement
dans la ligne
adoptée à l’époque
par les
organisations juives
de France, hostile
au parti pris
nationaliste adopté
par le Sionisme.
C’est précisément,
dans son
intervention sur le
sujet, le risque que
soulève Simone Weil,
celui de créer une
nationalité nouvelle
alors que « nous
souffrons déjà de
l’existence de
nations jeunes, nées
au dix-neuvième
siècle, et animées
d’un nationalisme
exaspéré ». […]
Peut-être cette
« haine de soi »
qui semble
caractériser Simone
Weil est-elle
d’ordre pascalien ?
À la phrase bien
connue de l’auteur
des Pensées,
« le moi est
haïssable »,
fait écho la rude
affirmation de la
philosophe de La
Pesanteur et la
Grâce, « le seul
chemin vers Dieu est
de ne pas exister
soi-même ». Or,
chez cette
intellectuelle
repentie, les mots
n’ont de réalité que
dans leur
réalisation : «
La foi, c’est
l’expérience que
l’intelligence est
éclairée par
l’amour. » Cet
effacement du soi,
elle n’a eu de cesse
de le pratiquer
comme les grandes
mystiques, dans une
forme de dolorisme
consenti, parce que
depuis toujours,
avant même sa «
crise » et les
questionnements qui
en ont découlé, elle
a vécu avec une
conception
chrétienne – et
platonicienne – du
monde. […]
Le choix de l’usine
répond à une «
nécessité intérieure
», à une
volonté de se mettre
à l’épreuve du réel.
Mais elle suit en
cela la leçon de son
ancien professeur,
Alain, qui
préconisait de
raisonner à partir
du concret et
n’avait que mépris
pour les
spéculations
industrielles
abstraites. «
J’ai l’impression
surtout de
m’échapper d’un
monde d’abstraction
et de me trouver
parmi les hommes
réels »,
écrit-elle à Simone
Gibert en 1932. Son
Journal d’usine,
tiré de son
expérience chez
Alsthom et chez
Renault, décrit
cette réalité d’«
établie » avant
l’heure, attentive
aux pénibles
conditions de
travail et aux
instants d’entraide
et de solidarité
dont le
désintéressement
renouait avec la
beauté.
C’est l’organisation
sociale, que Platon
appelle le «
Gros Animal »,
qui prive l’ouvrier
de l’accès à la
beauté du monde. Car
lui, le « Gros
Animal »,
décide la finalité
sur laquelle l’homme
doit se régler, son
action se trouvant
ainsi vidée de son
sens puisque l’homme
doit désormais obéir
à sa propre
création. […] C’est
ce qu’elle reproche
au marxisme, et à
ses tenants, qui est
«obsédé par la
production, et
surtout par le
progrès de la
production ».
Depuis la révolution
industrielle, toute
réflexion sur
l’organisation du
travail ne s’est
jamais intéressée
qu’à la production
et non à celui qui
produit.[…]
Restée proche d’une
certaine tradition
anarchiste, Simone
Weil n’a eu de cesse
de travailler sur
les formes de vie en
marge du droit.
Ainsi, rompant avec
la doxa marxiste, la
révolution ne peut
se traduire que par
une émancipation
complète et non par
l’avènement, comme
l’illustre l’exemple
soviétique, d’une
forme nouvelle
d’oppression
sociale. C’est
ce qui la
différencie des
marxistes, cette
conviction que toute
transformation
historique est
davantage sociale
que politique. Son
rejet de la
révolution
s’explique si on
l’appelle de ses
vœux en y pensant
« non comme à
une solution des
problèmes posés par
l’actualité, mais
comme à un miracle
dispensant de
résoudre les
problèmes ».
Simone Weil critique
le mythe d’une
conception
scientifique de
l’Histoire qui est
au cœur de la
réflexion développée
par Karl Marx.[…]
L’œuvre de Simone
Weil est d’une
complexité d’autant
plus fascinante
qu’elle est en
grande partie
posthume, mise en
ordre par deux
artisans, gardiens
ardents de sa pensée
: Gustave Thibon,
pour la partie
spirituelle, et
Albert Camus, pour
la partie
philosophique. […] Rendue
à sa forme première,
celle de fragments,
dans ce volume, la
pensée de Simone
Weil y retrouve sa
nature autant que
son essence faite de
fulgurances, d’élans
et de brisures,
pareils aux
mouvements
désordonnés des
électrons qui sont
pourtant une source
prodigieuse
d’énergie. Il n’est
pas possible de
l’épuiser. Cela
explique que son
influence et sa
présence, tour à
tour exaltantes,
déconcertantes et
irritantes, n’aient
jamais cessé de
croître.
Camus ne s’y était
pas trompé : au
moment de recevoir
le prix Nobel,
répondant à la
question d’un
journaliste lui
demandant quels
écrivains vivants
comptaient pour lui,
après avoir
mentionné les noms
de quelques auteurs
et amis français et
algériens, il avait
déclaré : « Et
Simone Weil – car il
y a des morts qui
sont plus proches de
nous que bien des
vivants. »
Cécile A. Holdban,
extraits de la
préface au livre Ainsi
parlait Simone Weil
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LES DEUX NOUVEAUTÉSDU MOISEn librairie le
jeudi 4 avril 2024Distribution Sofédis
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Simone WeilAinsi parlait
Simone WeilDits et
maximes de vieChoisis et présentés
par Cécile A.
HoldbanCollection Ainsi
parlaitISBN
978-2-845-90364-7 –
192 pages – 14 €
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Simone Weil
(1909-1942) est
morte à 34 ans
après une vie
aussi intense
qu’héroïque.
Bien qu’elle
n’ait presque
pas publié de
son vivant, elle
laisse une œuvre
immense et d’une
extrême
diversité.À Normale Sup,
Simone de
Beauvoir, d’un
an son aînée,
est frappée par
« sa réputation
d’intelligence »,
« son
accoutrement
bizarre »
mais plus encore
par son extrême
sensibilité aux
malheurs
d’autrui. Elle
n’a alors pas
même 20 ans.
« Tous les
hommes admettent
une morale
rigoureuse quand
il ne s’agit pas
de l’appliquer.
»
Lorsqu'elle
écrit ses
lignes, Simone
Weil commence sa
vie
professionnellle
comme
professeure de
philosophie au
lycée de Roanne.
Dès la fin de
l’année scolaire
1933-1934, elle
quitte
l’enseignement
devenir
ouvrière.
Marxiste, elle a
compris pourtant
que la
révolution ne
suffit pas à
résoudre le
problème social
: « Le mot
de révolution
est un mot pour
lequel on tue,
pour lequel on
meurt, pour
lequel on envoie
les masses
populaires à la
mort, mais qui
n’a aucun
contenu. »
Elle n’a pas
plus confiance
dans les
staliniens et
les trotskistes
que dans les
réformistes :
« Toutes les
absurdités qui
font ressembler
l’histoire à un
long délire ont
leur racine dans
une absurdité
essentielle, la
nature du
pouvoir. »C’est au contact
le plus proche
avec la réalité
que l’on peut
comprendre les
mécanismes de
l’oppression et
les moyens de
s’en affranchir.
De même,
pacifiste, il
lui faudra faire
la guerre
d’Espagne avec
les anarchistes
pour se donner
le droit de
parler de la
paix.Poussant au plus
loin cette
expérience de la
compréhension
des autres et de
la compassion,
la jeune
agnostique
révoltée en
vient à se
rapprocher du
christianisme.
« Nous
vivons une
époque privée
d’avenir,
observe-t-elle.
L’attente de
ce qui viendra
n’est plus
espérance, mais
angoisse. »
Après sa mort
paraîtront les
textes
incandescents de
La Pesanteur
et la Grâce
et L’Attente
de Dieuqui
révèleront en
cette
infatigable
militante l’une
des grandes
spirituelles de
son siècle.
Alors que ses
parents l'ont
entraînée aux
États-Unis pour
fuir les
persécutions
anti-sémites,
elle décidera de
retourner en
Europe pour
travailler à
Londres au
service de la
France Libre.
C'est là qu'elle
meurt de la
tuberculose et
repose
aujourd'hui
encore.
Cécile Holdban,
poète et
peintre, a déjà
donné en 2019 un
excellent Ainsi
parlait Virginia
Woolf. Chez ces
deux femmes, une
même volonté
indomptable et
la même
extraordinaire
créativité.
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Antonia PozziUn fabuleux
silenceJournal de poésie
1933-1938Traduit de l'italien
et présenté par
Thierry GillybœufBILINGUECollection NeigeISBN
978-2-845-90367-8
– 276 pages – 22
€
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Les
Éditions
Arfuyen
ont
entrepris
de
publier
en
édition
bilingue
l’intégralité
du
Diario
de
poesia
(Journal
de
poésie),
qui
constitue
l’œuvre
unique
d’Antonia
Pozzi.
En
2016
a
paru
le
premier
volume
intitulé
La
vie
rêvée.
Journal
de
poésie
1929-1933,
qui
a
remporté
un
vif
succès. Ce
second
volume,
Un
fabuleux
silence.
Journal
de
poésie
1933-1938,
en
constitue
la
dernière
partie. Traduite
en
de
nombreuses
langues,
elle
est
révélée
pour
la
première
fois
en
français
grâce
à la
traduction
intégrale
de
Thierry
Gillybœuf,
traducteur
également
de
Quasimodo,
Svevo
ou
Sinisgalli.
Malgré
une
mort
prématurée
à
l'âge
de
26
ans,
Antonia
Pozzi
(1912-1938)
a
laissé
une
œuvre
considérable
dont
la
publication
posthume
a
révélé
la
force
et
l'originalité.
Vittorio
Sereni
a
reconnu
le
premier
ses
dons
exceptionnels.
Eugenio
Montale
admirait
chez
elle
la
«
pureté
du
son
»
et
la
«
limpidité
des
images
».
Et
le
grand
T.
S.
Eliot
lui-même
se
disait
frappé
par
«sa
pureté
et
sa
probité
d'esprit
».
Un
an
après
sa
mort,
les
éditions
Mondadori
ont
publié
sous
le
titre
Parole,
un
premier
ensemble
de
ses
poèmes
(1939).
L'année
suivante
a
paru
sa
thèse
:
Flaubert.
La
formazione
letteraria
(1940).
En
1948,
a
paru
enfin
la
totalité
du
Diario
di
poesia
1930-1938,
préfacé
par
Montale.
La
publication
de
ses
lettres
(notamment
à
Sereni)
a
révélé
une
personnalité
complexe
et
attachante.
Le
Diario
di
poesia
est
un
journal
entièrement
fait
de
poèmes:
le
miracle
est
que,
grâce
à la
vivacité
du
regard
et à
la
limpidité
du
style,
ce
journal
ne
tombe
jamais
dans
le
prosaïsme
ni
la
complaisance.
Comme
Emily
Dickinson,
Antonia
Pozzi
n’a
rien
publié
de
son
vivant.
Pour
elle
aussi,
la
poésie
constitue
une
sorte
de
journal
secret
où
la
vie
entière
est
reprise
et
métamorphosée.
Dans
sa
parfaite
immédiateté,
son
écriture
est
ainsi
frappante
de
profondeur
et
de
densité.
La
montagne
(les
Dolomites)
est
comme
le
symbole
de
son
écriture,
elle
qui
réconcilie
le
ciel
et
la
terre,
la
vie
et
la
mort.
C’est
là
qu’elle
trouve
le
refuge
spirituel
nécessaire
pour
s’affranchir
d’un
monde
où
l’épanouissement
normal
de
sa
vie
de
femme
lui
est
refusé
par
les
conventions
sociales
d’un
milieu
et
d’une
époque
marqués
par
le
patriarcat
mais
aussi
le
fascisme.
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TROIS LIVRES
À
REDÉCOUVRIR
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Virginia WoolfAinsi parlait
Virginia WoolfDits et maximes de
vieChoisis et traduits
de l'anglais par
Cécile A. HoldbanCollection Ainsi
parlaitISBN
978-2-845-90287-9
– 176 pages – 14
€
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Qui a
peur de
Virginia
Woolf ?
Grâce à la
pièce
d’Edward
Albee et au
film
interprété
par
Elizabeth
Taylor, le
nom de
Virginia
Woolf est
entré dans
le langage
courant. La
lit-on pour
autant ? Ses
grands
romans –
dont Mrs
Dalloway,
qui a pris
au cinéma
les traits
de Vanessa
Redgrave –
ont
révolutionné
l’art
romanesque,
mais ne
constituent
qu’une
partie parmi
d’autres de
son œuvre,
qu’elle-même
considérait
comme
secondaire
par rapport
à
l’autobiographie.
Grâce à cet
Ainsi
parlait,
on peut
enfin
explorer
l’ensemble
du parcours
biographique
et
littéraire
de cette
femme hors
du commun :
profondément
libre et
rebelle à
toute
convention.
Auteur de
deux livres
chez
Arfuyen,
traductrice
fascinée par
les
écrivaines
anglo-saxonnes
comme
Katherine
Mansfield,
Virginia
Woolf ou
Sylvia
Plath,
Cécile A.
Holdban rend
hommage à
une de ses
modèles
d’artiste.
« Quelle
vie doit-on
mener ? La
vie que l’on
aime. J’aime
écrire,
j’aime le
changement,
j’aime
lancer mon
esprit dans
les hauteurs
et attendre
de voir où
il va
retomber. »
Virginia
Woolf écrit
ses lignes
dans le
monumental
Journal
qu’elle
a commencé
de rédiger
lorsqu’elle
avait 15 ans
et qu’elle
tiendra
jusqu’à sa
mort. Et
dans une
lettre à son
ami Hugh
Walpole ce
qu’elle
écrit
poursuit la
même
interrogation
: « Je
pense
parfois que
seule
l’autobiographie
relève de la
littérature
; les romans
sont les
pelures que
nous ôtons
pour arriver
enfin au
cœur qui est
vous ou moi,
rien
d’autre. »
C’est la vie
qui
intéresse
Virginia
Woolf, et
rien
d’autre. Qui
l’effraie
aussi :
« La vie,
pour les
deux sexes
est ardue,
difficile,
une lutte
perpétuelle.
Qui demande
un courage
et une force
gigantesques.
» Ces
lignes, elle
les écrit
dans un
recueil de
conférences
intitulé
Une chambre
à soi.
Dans ses
journaux,
lettres,
essais, il
n’est rien
dont
Virginia
Woolf ne
fasse
l’objet de
son
écriture.
Car écrire,
pour elle,
c’est avant
tout se
libérer :
« Le
premier
devoir de la
femme
écrivain,
c’est de
tuer l’Ange
du Foyer »
(Journal).
Il faut
avoir lu,
bien sûr,
les géniaux
romans de
Virginia
Woolf –
Mrs Dalloway,
Les Vagues,
etc. –, mais
elle ne s’y
trompait pas
: c’est dans
les écrits
autobiographiques
que nous
arrivons
avec elle
« au
cœur »
: ce «
cœur qui est
vous ou moi,
rien d’autre
».
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Antonia PozziLa vie
rêvéeJournal de poésie
1929-1933Traduit de l'italien
et présenté par
Thierry GillybœufBILINGUECollection NeigeISBN
978-2-845-90226-8
– 320 pages – 20
€
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|
Le premier texte
de ce
Journal est
daté de
Sorrente, le 2
avril 1929 –
elle vient
d’avoir 17 ans.
Ce premier
volume s’achève
le 25 septembre
1933 : « Ô toi /
voile – de ma
jeunesse, / ma
robe légère, /
vérité évanouie
– / ô nœud /
luisant – de
toute une vie /
qui fut rêvée –
peut-être – //
oh ! pour
t’avoir rêvée, /
ma chère vie, /
je bénis les
jours qui
restent – / la
branche morte de
tous les jours
qui restent, /
qui servent / à
te pleurer. »
Tels sont les
derniers mots du
poème écrit ce
jour-là, «
La vita sognata
» (La vie rêvée),
qui donne son
titre à ce
volume.
Antonia
Pozzi est
née le 13
février 1912
à
Milan. Elle
est la fille
de l’avocat
du Duce,
Roberto
Pozzi, et de
la comtesse
Lina Cavagna
Sangiuliani
di Gualdana. Entrée
en 1922 au
lycée
Manzoni,
elle tombe
amoureuse en
1927 de son
professeur
de
latin-grec,
Antonio
Cervi, de
quatorze ans
son aîné. En
1929, elle
écrit ses
premiers
poèmes. Elle
entre en
1930 à la
Faculté de
Lettres et
de
Philosophie
de
l’Université
de Milan, où
elle se lie
au grand
poète
Vittorio
Sereni.
En 1931, son
père espère
l’éloigner
de Cervi en
l’envoyant
en
Angleterre.
La liaison
ne prendra
fin qu’en
1934. En
1935, elle
soutient sa
thèse sur la
formation
littéraire
de
Flaubert. Le
2 décembre
1938, elle
sera
retrouvée
inconsciente
dans un
fossé de la
banlieue de
Milan, un
poème de
Sereni dans
la main :
suicide par
barbituriques.
Elle meurt
le lendemain
et est
enterrée
dans le
petit
cimetière de
Pasturo.
Traduite en de
nombreuses
langues, elle
est révélée pour
la première fois
en français avec
la traduction
intégrale du
Diario di poesia,
« journal de
poésie »
d’une tonalité
très proche de
la grande
Katherine
Mansfield.
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Cécile A. HoldbanToucher terreCollection Les
Cahiers d'ArfuyenISBN
978-2-845-90327-2 –
176 pages – 14 €
|
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Le premier
livre de
Cécile A.
Holdban
publié par
Arfuyen en
2016
imposait
d’emblée une
voix
poétique
nouvelle et
évidente,
que le prix
Yvan Goll a
immédiatement
reconnue.
D’origine
hongroise,
familière
des grandes
figures de
la
littérature
anglo-saxonne
comme
Katherine
Mansfield et
Virginia
Woolf,
Cécile A.
Holdban aime
à introduire
dans ses
recueils les
voix des
auteurs
qu’elle
traduit ou
qu’elle aime
(de János
Pilinszky à
Alejandra
Pizarnik).
Ce nouveau
recueil
impose avec
une sûreté
et une
délicatesse
infinie un
monde
troublant et
magnifique,
peuplé
d’obscures
menaces et
de grâces
envoûtantes.
Une voix
simple et
nue, venue
d’on ne sait
quel pays
proche et
lointain et
qu’on ne
peut
oublier.
Il est rare,
écrivions-nous
en 2016,
lorsque nous
avons publié
Poèmes
d’après
d’être saisi
par la
simple
évidence
d’une
écriture. Ce
nouveau
livre de
Cécile A.
Holdban
s’articule
en 4 parties
bien
distinctes
qui
déterminent
comme un
itinéraire :
« Labyrinthe
», « Demeure
», « Voix »
et « Toucher
terre ».
Lisons le
tout premier
poème de «
Labyrinthe »
: « Dans
les livres /
on dit qu’il
faut libérer
la parole /
mais si
j’ouvre ma
bouche /
n’en tombent
que les
corps /
d’oisillons
livides /
trop tôt
sortis du
nid ».
Voici celui
de « Demeure
» : «
Aimer ce qui
se délie /
jusque dans
sa chute »
et celui de
« Voix » :
«
Écoutez-nous
: quelle
étrange
poésie nous
habite,
créatures
d’os et de
cris ! /
Notre rivage
est planté
sur le
monde, une
tente de
veilleur /
sur le flux
et le reflux
du monde,
ventre
abritant le
désir. »
Tout un
monde
d’herbes et
d’oiseaux,
d’abeilles
et d’arbres.
Solennel et
familier à
la fois.
Jusqu’au
dernier et
admirable
poème de «
Toucher
terre » :
«
Toucher
terre
lentement, à
l’abri des
sous-bois, /
des
cyclamens
mauves, des
lianes de
ronces / les
flammes des
bruants
voletant /
entre
l’ombre des
haies /
simplement
toucher
terre, /
jusqu’à
suivre,
l’œil
délivré dans
les brins, /
la lumière,
le ruisseau
clair,
l’ambre, /
jusqu’à la
chute rousse
du soleil. »
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25 mars 2024
20 mars 2024
19 mars 2024
14 mars 2024
9 mars 2024
7 mars 2024
La voie du
large, de
Michèle Finck,
par Gérard
Bocholier (La
Vie)
7 mars 2024
7 mars 2024
Ainsi
parlait Anatole
France, lu
par Philippe
Barthelet
(Valeurs
actuelles)
Mars 2024
Ainsi
parlait Eugène
Delacroix,
par Nelly Carnet
(Le Journal des
Poètes)
Mars 2024
Villa
Florida, de
René Schickele,
lu par Isabelle
Baladine Howald
(Or Norme,
magazine de la
métropole
strasbourgeoise)
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Envoyé par
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