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VAGABONDE ET REBELLE
FUMIKO HAYASHI
C’est en 1930 que
Fumiko Hayashi a
acquis une précoce
notoriété en
publiant, après
plusieurs poèmes et
brefs récits parus
en revues,
Hôrôki (Vagabonde),
son journal romancé,
où elle raconte son
parcours littéraire.
Fille de marchands
ambulants, elle
a vécu une vie de
bohème, exerçant
toutes sortes de
métiers dont ceux
d’ouvrière à la
chaîne, de vendeuse,
de serveuse,
d’entraîneuse et de
chanteuse de
cabaret, ayant
plusieurs liaisons
avec des peintres,
des acteurs et des
écrivains, avant de
voyager à l’étranger
(en France, en
Italie, en
Indonésie, en Chine,
en Russie) et de
devenir
correspondante de
guerre.
Ses nouvelles, comme
ses romans adaptés
au cinéma par Mikio
Narusé qui a
grandement contribué
au maintien de sa
renommée au Japon et
dans le reste du
monde, contiennent
une importante part
autobiographique
transfigurée, et
l’on retrouve le ton
qui caractérise son
journal, à la fois
désabusé, cru,
méditatif et rêveur,
par alternance
sarcastique et
lyrique. […]
Si les thèmes les
plus fréquents sont
l’amour et la
rupture entre deux
êtres à la dérive
(avec la menace de
la grossesse, le
risque de
l’adultère, le refus
d’un enfant et la
crainte d’un
avortement), il y
est beaucoup
question de la
guerre et des
pénuries qui l’ont
accompagnée et
suivie, l’incendie
et les bombardements
de la capitale ayant
contraint une grande
partie de ses
habitants à la fuir,
à chercher des
moyens incertains de
subsistance et à
découvrir en
province un autre
type de vie, souvent
au milieu
d’orphelins, de
veuves, de
vieillards, de
parents ayant perdu
ou abandonné leurs
enfants. […]
Le recours aux
poèmes et aux
fables, au cœur même
d’une narration
impressionniste et
fluide, est
récurrent chez
Fumiko Hayashi, qui
rejoint là une
tradition littéraire
japonaise qui a
donné lieu à de
grandes œuvres,
classiques et
modernes. […] La
forme du conte (que
l’on retrouvera dans
les trois nouvelles
pour la jeunesse,
évidemment) et la
tendance au
fantastique sont les
moyens d’aborder,
sans pesanteur et
sans didactisme, des
problèmes sociaux ou
psychologiques et de
témoigner, en
l’occurrence, de la
guerre, du front, de
l’exil, de la faim,
de la séparation, de
la précarité et
surtout de la
démobilisation et de
la défaite.
Si l’on a déjà
signalé, à propos de
Vagabonde
ou de Nuages
flottants, la
parenté de
l’écriture de Fumiko
Hayashi avec celle
de l’Anglaise
caribéenne Jean Rhys
(1890-1979) dont la
vie et le style ont
de nombreux points
communs avec les
siens, on trouvera
ici des analogies
avec le monde
imaginaire de Kenji
Miyazawa (1896-1933)
qui appartient à sa
génération […]
L’influence des
écrivains russes
était revendiquée
par Hayashi dans ses
textes réflexifs.
C’est ici Tchékhov
dont la marque est
la plus
reconnaissable dans
la nouvelle chorale
intitulée "Recherche
d’emploi".
La tentation de la
déchéance est
combattue par une
composante
empathique et
humaniste très
forte, sensible dans
plusieurs nouvelles
choisies ("Le gobie
de rivière",
"Consolation",
"Centre-ville"), où
l’amitié, la
maternité, la
solidarité dans
l’épreuve, la
générosité prennent
le relais de la
passion sans
lendemain. […]
La dernière
nouvelle,
"Centre-ville", qui
est parmi les plus
tardives et les plus
structurées, offre
de la vie d’un
couple, que le
hasard a formé et le
désir a soudé
éphémèrement, une
image moins cynique,
moins désespérée que
les précédentes […],
mais tout aussi
douloureuse.
Fumiko Hayashi donne
alors toute la
mesure de sa
lucidité et de son
originalité
poétique, usant
comme toujours d’un
style fragmentaire,
syncopé et concis,
par éclairs et
allusions, par
visions fugitives
dans lesquelles
paraissent
éclatantes sa
sensibilité aux
lieux et sa grande
capacité évocatrice
des errances
solitaires et
nocturnes, dans des
quartiers de
plaisirs ou dans des
zones désertes, au
bord de la mer, au
bord des fleuves,
sur des rivages
désolés, meurtris
par la guerre, dans
des milieux paysans,
minés par la
pauvreté, ravagés
par la violence, le
désir perverti et la
faiblesse des
hommes.
René de Ceccatty,
extraits de la
préface du livre La
Flûte de la grue
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LES TROIS NOUVEAUTÉSDU MOISEn librairie le
jeudi 2 mai 2024Distribution Sofédis
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Fumiko HayashiLa Flûte de la
grueNOUVELLESTraduit du japonais
et présenté par René
de Ceccatty Collection Le
Rouge & le Noir ISBN
978-2-845-90368-5 –
240 pages – 17 €
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Cet ouvrage
est le
deuxième de
la nouvelle
collection
de fiction
des éditions
Arfuyen,
Le Rouge &
le Noir.
Après un
roman
traduit de
l’anglais et
d’un esprit
proche de
Katherine
Mansfield,
des
nouvelles
traduites du
japonais
dans une
ambiance qui
évoque
beaucoup les
films d’Ozu
et Ishikawa
Takuboku,
publié par
le Éditions
Arfuyen
depuis leurs
tout débuts
.
Fumiko
Hayashi est
une des
figures
majeures de
la
littérature
japonaise.
C’est en
1930 que
Fumiko
Hayashi a
acquis une
précoce
notoriété en
publiant
Vagabonde,
son journal
romancé.
Beaucoup de
ses nombreux
romans et
nouvelles
ont été
adaptés au
cinéma par
le grand
réalisateur
Mikio
Naruse, et
notamment le
chef d’œuvre
de ce
dernier
Nuages
flottants
(1955).
Les onze
nouvelles
inédites ici
présentées
datent des
années
1930-1948,
sa période
de maturité.
Elles ont
été
traduites et
préfacées
par l’un des
meilleurs
connaisseurs
français de
la
littérature
japonaise,
René de
Ceccatty,
par ailleurs
romancier,
essayiste et
traducteur
de
l’italien.
Un pays
dévasté, où
les journées
se passent à
chercher un
emploi, un
toit, de la
nourriture.
On entend
voler des
avions
américains.
Certains
hommes sont
partis se
battre dans
une guerre
que l’on ne
comprend
pas.
D’autres ont
tenté
l’aventure
en
Mandchourie.
Des enfants,
des épouses,
des amis ont
disparu.
Et pourtant,
dans cette
ambiance de
désolation,
une forme
étrange de
sérénité,
comme si les
destinées
individuelles
comptaient
moins qu’un
moment de
beauté ou
qu’un
sourire de
bonté sur un
visage.
Comme si
seul
importait ce
chant
mystérieux
de la flûte
pour éviter
de «
perdre
l’espoir,
quelle que
soit
l’adversité
».
L’écriture
vive et
rapide
d’Hayashi
s’ouvre aux
tonalités
les plus
diverses,
des récits
d’errances
dans la
grande
tradition
japonaise
jusqu’à des
visions
apocalyptiques
ou des
récits quasi
légendaires.
Sa tonalité
est très
proche de
celle
d’Ishikawa
Takuboku,
lui aussi
révolté par
une société
patriarcale
et
répressive,
qu’elle cite
fréquemment.
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Vincent La SoudièreBatelier de
l'inutile Texte établi et
annoté par Sylvia
MassiasPostface de Marc
Wetzel Collection Les
Vies imaginairesISBN
978-2-845-90369-2
– 160 pages – 16
€
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Vincent La Soudière (1939-1993) n’a publié de son vivant qu’un seul tout petit livre, Chroniques antérieures (1978). Dix ans après la mort de l’écrivain, les éditions Arfuyen ont été les premières, en 2003, à lancer avec Brisants la publication de son œuvre.
De nombreuses éditions ont vu le jour depuis lors par les soins de Sylvia Massias : au Cerf les trois forts volumes des lettres à Didier (2010-2015, 1800 pages) et une biographie, Vincent La Soudière, la passion de l’abîme (2015) ; dans la revue Nunc un dossier La Soudière (2017) ; enfin aux éditions La Coopérative, un ensemble de fragments sous le titre Eschaton (2022).
« L’ayant rencontré plusieurs fois, je sais qu’il n’écrira jamais rien de gratuit, écrivait Henri Michaux. Ce qu’il fera connaître est important. » Cioran lui aussi s’enthousiasmait pour la « haute tenue littéraire » de ses écrits « dont il me semble, écrivait-il, difficile de ne pas admirer l’unité de ton et de vision ».
Écrits de 1988 à sa mort en 1993, les textes ici réunis constituent une sorte d’autobiographie et donc aussi de testament. Le titre Batelier de l’inutile a été choisi dans une liste de titres listés par l’auteur. La figure de Pessoa hante ces réflexions : « Le secret, écrit-il, c’est de laisser ta personnalité au vestiaire, et de laisser se défaire le fantôme de ton moi. »
C’est ainsi seulement qu’on peut espérer devenir celui que l’on a toujours été, « source jaillissante qui n’a jamais quitté la lumière éternelle ». C’est ainsi que peut advenir cette « autre naissance», pressentie dans la contemplation des « étoiles scintillantes » sous le regard maternel du firmament.
Pour la première fois, le philosophe et critique Marc Wetzel a accepté d’écrire ici le témoignage de ses rencontres avec Vincent La Soudière. « C’était un homme étonnamment lucide, se souvient-il, (auquel l’intelligence aiguë de ses faiblesses semblait coûter peu), qui savait que ses facilités travaillaient contre lui. […] Je crois que le drame vital de son génie était qu’il n’avait pas de force non-créatrice. Tout passait à “retenir quelque chose du Mystère”. »
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Margherita GuidacciLe Retable d'Issenheimsuivi de L'Horloge
de Bologne Traduit de l'italien et
présenté par Gérard
Pfister Collection NeigeBILINGUEISBN 978-2-845-90370-8
– 120 pages – 14 € |
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Née deux ans
avant Cristina
Campo et d’une
inspiration très proche,
Margherita
Guidacci
(1921-1992) a
été publiée par
les éditions
Arfuyen dès 1977.
Quatre autres
recueils ont
suivi, ainsi que
deux traductions
(Dickinson et
Powers).
La fluidité et
l’intensité de
son écriture ont
exercé une
profonde
influence sur
nos choix
éditoriaux.
Spécialiste de
la littérature
anglaise et
américaine,
Margherita
Guidacci a été
la première
traductrice de
l’œuvre d’Emily
Dickinson en
Italie.
Le Retable
d’Issenheim,
épuisé dans la
collection
Les Cahiers
d’Arfuyen,
est réédité ici
avec
L’Horloge de
Bologne
dans la
collection
bilingue
Neige,
donnant aux deux
recueils leur
pleine
dimension.
Margherita
Guidacci a
publié ses deux
grands cycles
poétiques,
Le Retable
d’Issenheim
(1980) et
L’Horloge de
Bologne
(1981), à un an
de distance.
Avec le recul du
temps les deux
font résonner la
même éternelle
plainte de
l’humanité
souffrante.
On sait que
Picasso de
passage en
Alsace en 1932
avait été très
frappé par le
Retable
d’Issenheim,
joyau du Musée
d’Unterlinden à
Colmar, dont on
retrouve
nettement
l’empreinte dans
le Guernica
de 1937.
Face au célèbre
Retable,
Guidacci médite
la présence du
mal et de la
violence dans
l’homme à
travers les
siècles. Car la
beauté
renversante du
grand cycle de
peintures de
Mathis Grünewald
fait apparaître
avec d’autant
plus de cruauté
le cortège de
souffrances et
de malheurs
dont, hier et
aujourd’hui,
l’homme est tout
à la fois la
victime et le
coupable.
«
Confrontons /
nos cauchemars,
Mathis :
lesquels
choisirons-nous
? »,
s’interroge
Margherita
Guidacci. D’un
côté, l’humanité
du XVIe siècle,
frappée par les
épidémies, les
guerres, les
famines.
Grünewald nous
montre les corps
mutilés et
pourrissants,
les visages
affolés, les
hurlements. De
l’autre, le
monde moderne,
où le mal prend
le visage de la
guerre et du
terrorisme.
Guidacci en
prend pour
symbole
l’attentat à la
gare de Bologne,
le 2 août 1980,
le plus
meurtrier en
Europe (85 morts
et 200 blessés)
jusqu’aux
attentats de
2015 à Paris
(130 morts et
352 blessés).
Sur le mur de la
gare, l’horloge
de Bologne reste
aujourd’hui
encore bloquée à
10 h 25, l’heure
de l’explosion.
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TROIS LIVRES
À
REDÉCOUVRIR
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Elisabeth von Arnim Un été en montagne ROMANTraduit de l'anglais
par Paul
DecottigniesCollection Le
Rouge & le Noir ISBN
978-2-845-90366-1 –
240 pages – 17 €
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Cousine de
Katherine
Mansfield,
Elizabeth von
Arnim
(1866-1941) fait
partie de ces
romancières
britanniques qui
ont imposé un
ton nouveau dans
la littérature
comme Virginia
Woolf, Vita
Sackville West,
Ivy
Compton-Burnett
ou Elizabeth
Bowen. Une large
partie de son
œuvre a été
traduite en
France, chez
Bartillat,
10/18, Plon,
Mercure et
Belles-Lettres.
Trois films ont
été tirés de ses
romans Avril
enchanté et
Mr.
Skeffington.
Totalement
inédit en
français, Un
été en montagne
(In the
Mountains)
a paru en 1920,
deux ans avant
son livre le
plus connu
Avril enchanté
(Enchanted
April).
Arnim y est au
sommet de son
art, fait d’une
écriture
familière et
fluide,
artistement
improvisée, et
d’un ton plein
d’humour, de
finesse et de
nostalgie.
Pétillante comme
le champagne.
Juillet 1919 :
la narratrice
arrive à son
chalet de
montagne, dans
le Valais suisse
qu’elle n’a pas
revu depuis le
1er août 1914.
Fatiguée et
déprimée, elle
s’effondre dans
l’herbe avant
même de franchir
le seuil. «
C’est tellement
humiliant d’être
à ce point
bouleversée. Je
me sens aussi
ridicule que
malheureuse ;
comme si
quelqu’un avait
pris mon visage
et l’avait
frotté de
poussière. »
Mais tout de
suite, grâce à
la magie de
l’écriture
d’Elizabeth von
Arnim, le
paysage est là.
Naguère
bruissante de
gaieté, la
maison est à
présent
silencieuse.
Seuls avec la
narratrice, le
couple de
gardiens qui
voit d’un
mauvais œil
qu’on vienne
déranger ses
habitudes. Ils
parlent en
français dans le
texte, d’où de
savoureux
dialogues où
l’élégante
Londonienne se
retrouve
souvent, malgré
son humour et sa
bonne volonté,
en position
difficile.
Mais cette sorte
de tranquillité
ne durera pas :
une situation
des plus
étranges
s’instaure avec
l’arrivée de
deux femmes
venues de nulle
part et marquées
par un lourd
secret. Kitty,
terriblement
convenable et
polie, et Dolly,
sa cadette,
toujours
souriante et
silencieuse.
Au premier
étonnement,
succède
l’inquiétude et
une brûlante
curiosité. Le
huis clos
devient
confrontation et
se développe en
une enquête
quasi policière.
L’art
d’Elizabeth von
Arnim, d’une
fascinante
finesse
psychologique et
d’une
réjouissante
ironie, est de
nous entraîner
jour après jour
à sa suite.
Jusqu’à une fin
imprévisible et
merveilleusement
« british ».
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Ishikawa TakobokuUn
printemps à HongoJournal en
caractères latins Traduit du japonais
par Alain Gouvret Préface de Paul
DecottigniesCollection Les
Vies imaginairesISBN
978-2-845-90304-3
– 168 pages – 16
€
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Les Éditions
Arfuyen ont
commencé de
publier Takuboku
dès 1979. Après
de nombreuses
rééditions,
trois volumes de
poésie bilingues
sont à leur
catalogue :
Ceux que l’on
oublie
difficilement
précédé de Fumées
(2017), Le
Jouet triste
(2016) et
L’Amour de moi
(2003).
Depuis longtemps
en projet,
voici, grâce à
Alain Gouvret et
William English,
la traduction
d’un texte en
prose essentiel
: le fameux «
Journal en
romaji » tenu
par Takuboku en
1909.
Poète de la
jeunesse et de
la révolte,
Takuboku a une
tonalité unique
dans la
littérature
japonaise, faite
de liberté, de
crudité et d’une
déconcertante
innocence. Mort
à 26 ans,
Takuboku est
considéré comme
le Rimbaud
japonais.
Véritable mythe
dans son pays,
il est le
personnage
principal d’un
célèbre manga de
Jiro Taniguchi.
De juin 1907 à
avril 1908,
Takuboku a vécu
dans les brumes
d’Hokkaïdo, la
grande île du
nord, les pires
moments de sa
vie. Malade et
sans le sou, il
décide cependant
d’aller
accomplir à
Tokyo son destin
littéraire. Ce
n’est qu’en mars
1909 qu’il
trouve enfin un
poste de
correcteur au
grand quotidien
Asahi.
Le 7 avril 1909,
il commence
l’écriture du «
Journal en
caractères
latins », texte
unique dans
l’histoire de la
littérature
japonaise.
Marqué par ses
échecs, le jeune
homme de 23 ans
joue son
va-tout. Pour
briser le vieux
moule de la
littérature
japonaise et se
permettre de
tout dire, il
tente une
expérience
singulière :
substituer aux
caractères
japonais les
caractères
latins. C’est
une totale
libération.
Ses besoins
sexuels, ses
sautes
d’humeurs, ses
lâchetés, ses
contradictions,
il les aborde en
entomologiste,
comme s’il
s’agissait d’un
autre : « Je
suis une
personne née
individualiste.
Le temps passé
avec d’autres me
semble toujours
vide, sauf quand
on le passe à se
battre »
(11 avril). Même
terrible
lucidité dans
son regard sur
la société :
« Le système
matrimonial
actuel – tous
les systèmes
sociaux – pleins
d’absurdités !
Pourquoi
devrais-je être
enchaîné à cause
de mes parents,
de ma femme, de
mon enfant ?
Pourquoi mes
parents, ma
femme, mon
enfant
devraient-ils
être sacrifiés
pour moi ? »
(15 avril).
La voix de ce
Journal est la
même que celle
de ses plus
beaux tankas,
immédiatement
reconnaissable
dans son immense
compassion et sa
profonde
autodérision. Ce
Journal si
étrange, si
difficile à
traduire, le
voici enfin
disponible au
public
francophone.
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Vincent La SoudièreBrisantsTexte établi par
Sylvia MassiasCollection Les
Cahiers d'ArfuyenISBN
978-2-845-90029-5 –
176 pages – 13 €
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En 1988, dix ans
après ses
Chroniques
antérieures
et après une
égale période de
grandes
souffrances
intérieures,
Vincent La
Soudière
entreprend
d’écrire ce
qu’il appellera
lui-même un peu
plus tard des
« aphorismes
». Les
textes sont
rassemblés dans
trois cahiers
numérotés.
Fin 1989,
Vincent La
Soudière a déjà
choisi un titre
: Brisants.
Ce livre a donc
clairement été
voulu comme tel
par Vincent La
Soudière.
Plus encore que
Chroniques
antérieures,
Brisants
témoigne de la
quête
spirituelle qui
fut au centre de
la vie de La
Soudière :
«mystique
aspiration »,
chez un auteur
qui, à l’âge de
22 ans, fut
postulant dans
une abbaye
bénédictine. Il
la quitta pour
l’amour d’une
femme, mais ne
se remit jamais
de ce départ –
vécu comme une
exclusion –,
menant dès lors
une vie
d’errance et de
souffrance,
physique et
spirituelle :
« La vie,
écrit-il
dans
Brisants, n’est
que souffrances
et renoncements.
La poésie aussi.
Autant dire
qu’elles
s’abreuvent
secrètement à
une même source
; la source de
l’incomplétude,
de l’admirable
et brisante
incomplétude. »
Cette brisante
incomplétude,
c’est de n’être
pas encore né :
« Je suis
inconsolable de
n’être pas
encore né »,
« Ma seule
souffrance est
que je n’ai pas
encore été nommé
». Ce désir
de naître enfin,
de naître à
nouveau, est
incessante
recherche du
père, attente de
« la Grande
Rencontre »
: « Très
loin dans les
sables, tu n’es
pas sans
remarquer un
point fuyant :
c’est mon père
qui ne m’a pas
encore engendré.
»
Attente
désespérante,
mais pleine de
confiance et
d’amour :
«Nous sommes
faits pour Toi,
ô vertigineux
Amour. Appelle
tes brebis,
elles
reconnaîtront ta
voix. »
L’homme, nous
dit La Soudière,
n’a d’autre
dignité que
d’être «
sentinelle de sa
propre naissance
».
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Mai 2024
Ainsi
parlait
Anatole
France,
de Guillaume
Métayer, lu
par Michel
Ménaché
(Europe)
Mai 2024
Villa
Florida,
de René
Schickele,
lu par
Freddy
Raphaël
(Europe)
29 avril
2024
29 avril
2024
27 avril
2024
24 avril
2024
19 avril
7 avril 2024
6 avril 2024
5 avril 2024
Un été
en montagne,
d’Elizabeth
von Arnim,
lu par
Philippe
Barthelet
(Valeurs
actuelles)
30 mars 2024
25 mars 2024
23 mars 2024
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Envoyé par
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